La Suisse n’est pas une île.
Deutscher Text siehe unten.
Alors que la Suisse se prépare à voter, une fois encore, sur l’opportunité de se barricader à l’abri du monde, mes pensées se dirigent vers ce qui définit l’essence de ce pays. Il ne s’agit pas des coutumes locales, des dialectes et des vallées profondes, mais des sommets montagneux, du pragmatisme et de l’hospitalité. À moins que la quintessence de la Suisse ne consiste à allier ces six aspects pour forger une économie vigoureuse et dynamique et l’un des rares systèmes de gouvernement véritablement démocratiques. Comment un petit pays, qui compte quatre langues et au moins 26 systèmes scolaires des niveaux primaire et secondaire, peut-il se prévaloir de deux des meilleures hautes écoles au monde, l’une d’entre elles classée au deuxième rang européen?
Comment ce petit pays a-t-il pu, en 2019, être désigné pays le plus innovant du monde? Notre PIB par habitant arrive en deuxième position des pays européens, notre système de santé est excellent et nous jouissons d’une qualité de vie fantastique. De quoi un tel succès est-il fait? Je soutiens, peut-être à la surprise de certains, qu’il dépend de la culture d’ouverture. La Suisse a été pragmatique et prudente, mais ouverte. Située au milieu de l’Europe, foncièrement dépourvue de ressources naturelles, elle n’avait pas le choix pour survivre, moins encore si elle voulait prospérer. Et grâce à son ouverture, la Suisse a renforcé ce que signifie être suisse.
Notre mode de vie et notre monde moderne post-industriel sont inextricablement liés à la technologie. La connaissance scientifique, moteur des avancées technologiques, est elle-même un fondement en évolution et en croissance perpétuelles qui dépend presque entièrement, malgré les ordinateurs, de la curiosité et du cerveau humain. En outre, elle est globale. Le calcul et la chimie sont les mêmes en Sibérie et au Brésil, nos concepts mathématiques et scientifiques de base sont universels. Comme ils évoluent continuellement, soit l’un d’entre eux est à la pointe de la connaissance et permet de traiter les problèmes auxquels la société se trouve confrontée (par exemple le réchauffement global ou une pandémie), soit ce n’est pas le cas. En définitive, la capacité de trouver des solutions aux problèmes qui se posent à notre société est la source du succès économique. Certains l’appellent innovation. C’est elle qui nous a conduits là où nous sommes aujourd’hui.
Pourtant, comment un pays dont la population représente 0,1 % de la population mondiale peut-il espérer être à la pointe de l’innovation et assurer le succès économique? Je réponds: par l’excellence et l’«ouverture». Je vais maintenant expliquer ce que l’«ouverture» signifie pour la science.
1. La science est globale. De nos jours, tout scientifique dépend quotidiennement d’un flux d’informations et d’un dialogue constant avec d’autres scientifiques de par le monde. Les percées ne surviennent pas dans les tours d’ivoire, elles proviennent de l’échange continu d’idées, de techniques, de réactifs chimiques et de résultats qui nous mènent à de nouvelles découvertes, par exemple celles qui nous révèlent comment le coronavirus pénètre dans les cellules, comment atténuer l’orage de cytokines provoqué par le virus ou détecter et prévenir les prochaines pandémies.
La science prospère là où les ressources financières suffisent et où l’on vit suffisamment en sécurité pour se concentrer sur l’inconnu. Mais ces conditions ne sont pas tout: la science repose aussi sur l’ouverture des échanges. La Suisse a toujours réuni ces conditions (Bâle depuis 560 ans) et cela a porté ses fruits. Pourquoi les leaders mondiaux de l’industrie pharmaceutique sont-ils en Suisse? Parce que, il y a des années, des innovations nécessaires (dont bon nombre venaient d’ailleurs) ont été fructueusement mises en œuvre dans notre pays. Cette situation perdurera-t-elle à l’avenir? Oui, mais seulement si nous laissons la porte ouverte aux échanges continus de scientifiques et d’idées.
2. La collaboration est la force vive de la science. À notre époque, nous sommes informés en continu et nous devons savoir qui fait quoi avant de publier, afin de suivre les développements de manière efficace. Les chercheurs vont et viennent sans cesse. Les laboratoires suisses vivent de l’énergie et de la motivation des étudiants et postdoctorants étrangers qui y passent quelques années. Ils poursuivent leur chemin, mais ils restent en contact et le réseau se globalise rapidement. Ainsi, la Suisse s’imbrique étroitement dans le tissu de la découverte scientifique à l’échelle planétaire. Le savoir-faire venu de l’extérieur, mais aussi les personnes que nous attirons sont essentiels à notre succès.
L’un de mes amis vient de publier dans Nature un article sur une protéase codée par le virus qui joue un rôle crucial dans la propagation du Covid-19. C’est une excellente cible pour bloquer la maladie. Ils n’ont commencé de l’étudier qu’au printemps dernier, mais leurs découvertes en quelques mois sont étonnantes. Il a écrit les ces lignes à ce sujet: «Le secret réside dans le partage des informations et dans les coopérations avec des scientifiques remarquables. La coopération transfrontalière européenne et une culture de l’ouverture ont généré de nouvelles découvertes et, ce qui est tout aussi important, elles ont favorisé la détermination, l’inspiration et la solidarité de nos étudiants et postdoctorants en leur montrant que la science est une profession incroyablement importante et gratifiante.»
Si les laboratoires suisses ne peuvent plus participer aux coopérations européennes de premier plan et qu’ils n’attirent plus si facilement les étudiants et postdoctorants de l’étranger, la productivité scientifique et technologique de la Suisse déclinera et notre économie souffrira. C’est aussi simple que cela: l’innovation scientifique requiert un climat d’ouverture propice aux échanges soutenu par les politiques gouvernementales. Un pays inhospitalier détruit son propre avantage concurrentiel.
3. La Suisse n’a que très peu de ressources naturelles, notre économie dépend donc largement de ses ressources humaines, c’est-à-dire de sa matière grise: les cerveaux et la pensée novatrice. Comme la technologie progresse rapidement, il faut toujours être aux avant-postes sous peine d’être vite distancé. De nos jours, très rares sont les problèmes majeurs dont la solution dépend d’une seule personne ou d’une seule technologie. Disposer de réseaux et de relations confère une chance de contribuer à une découverte inédite importante en faisant équipe avec d’autres. Isolé, on est vite oublié, et le reste du monde poursuit son chemin.
Notons que la Suisse ne produit pas assez de jeunes talents pour répondre aux besoins de nos laboratoires, mais que notre société compte sur le succès scientifique. Il nous faut donc rester ouvert aux échanges, par lesquels nous importons (et exportons) des étudiants, des postdoctorants et des stagiaires, mais aussi des ingénieurs et des professeurs. C’est ici que l’hospitalité suisse s’avère payante: en dépit d’erreurs de perception répandues, les universités suisses ont toujours attiré et abrité des scientifiques étrangers. Des chiffres récents indiquent qu’environ 50 % du corps professoral de l’Université de Zurich ne sont pas suisses. En fait, certains de nos plus fameux penseurs ne sont pas nés en Suisse! Cette forme d’ouverture nous a valu, depuis des siècles, les dividendes les plus élevés.
4. La compétition élève les rêves et les objectifs au-delà de ce qui paraissait possible au début. Depuis 30 ans, la Suisse a négocié le droit de participer aux programmes-cadres de l’Union européenne pour le financement de la recherche. Jusqu’à 2004, nos droits à y participer étaient assez limités, mais par la suite, avec les programmes-cadres 6 et 7 ainsi qu’Euratom, la Suisse a été associée avec tous les droits et obligations inhérents à ce statut. Puis est venu le paquet «Horizon 2000» et son pilier Excellence scientifique, qui finance les scientifiques européens les meilleurs et les plus créatifs par des bourses généreuses de 5 ans. Il a failli nous échapper suite à la votation de 2014 sur l’initiative contre l’immigration de masse et notre incapacité à signer le protocole sur la Croatie. Heureusement pour la Suisse, notre gouvernement est parvenu à négocier une participation partielle et les scientifiques de tous les instituts et universités suisses sont parvenus à obtenir un grand nombre des bourses très prisées du Conseil européen de la recherche (CER). S’agissant de l’obtention de ces bourses prestigieuses, l’Institut Friedrich Miescher, à Bâle, détient le taux de succès le plus élevé de tous les instituts de recherche européens. Or, avec une nouvelle votation sur l’immigration en perspective, nous courons aujourd’hui le risque d’être coupés du financement le plus compétitif et le plus lucratif que les scientifiques créatifs de toute l’Europe ont à leur disposition.
Est-ce important? Et si la Suisse distribuait simplement à ses propres scientifiques l’argent destiné à nous «acheter» le droit de participer au nouveau programme «Horizon Europe»? Ne serait-ce pas une meilleure solution?
Pas du tout: nous serions comparables à une petite ville opulente qui paie généreusement ses joueurs de football, mais qui est incapable d’attirer les meilleurs entraîneurs et qui ne parvient jamais à jouer dans la cour des grands. À quoi ressemble leur football? Clairement médiocre. La compétition en elle-même, y compris l’effort requis pour se porter candidat à l’une des bourses du CER, améliore la qualité de la science suisse et attire dans notre pays les meilleurs des jeunes scientifiques en devenir. Cette situation reflète la nature humaine: la capacité de concourir dans un bassin de population de 450 millions de personnes, au lieu de 8 millions, fait immédiatement grimper les enjeux, pousse à viser plus haut et à atteindre de nouveaux sommets. C’est le caractère «montagneux» de la Suisse: nous voulons voir plus loin, viser plus haut, grimper plus vite, et si nous en sommes capables, nous devrions le faire. Mais nous n’atteindrons ce niveau scientifique qu’en participant à la compétition à l’échelle européenne. Le processus d’examen est plus rude, les exigences sont plus élevées et il faut s’impliquer davantage. En retour, les scientifiques suisses qui participent aux comités d’évaluation sont mieux reconnus, ils sont plus appréciés et ils bénéficient d’un meilleur réseau avec leurs pairs. Sans la science européenne, la science suisse ne serait que l’ombre de ce qu’elle aspire à être.
La question de savoir si la Suisse parviendra à négocier sa pleine association au programme «Horizon Europe» est donc en suspens au moment où les Suisses se préparent à voter une nouvelle fois en septembre sur «une immigration modérée». Que faut-il comprendre par cette expression? «Modérer l’immigration» signifie aller au-delà de ce que nos voisins européens considèrent comme acceptables. J’apprécie le désir des Suisses de décider par eux-mêmes. Mais la perte de connexions internationales, les atteintes portées à notre leadership scientifique et technologique actuel et l’isolationnisme qui en découleront sont un prix beaucoup trop élevé à payer.
La Suisse perdra-t-elle son «identité» si nous maintenons une politique d’ouverture envers les étrangers? Absolument pas. Depuis la naissance de la Suisse moderne, quatre groupes linguistiques et culturels ont ouvertement convenu de partager des normes communes sans perdre pour autant leurs identités propres. Notre accord d’ouverture entre les 26 cantons a renforcé nos différences de manière positive.
En bref, la Suisse n’est pas une île et ne devrait jamais se concevoir comme telle. Seul l’entretien d’un réseau étroit avec nos voisins européens et le monde en général nous permettra de conserver les standards que nous tenons fièrement pour suisses. Pensons aux sommets montagneux, au pragmatisme et à l’hospitalité en reconnaissant à quel point notre vie moderne se fond dans le paysage de l’Europe. Telle est la condition pour que nous puissions conserver la vie que nous voulons si ardemment protéger.
Susan M. Gasser est membre du CSS, directrice émérite et chef de groupe à l’Institut Friedrich Miescher et professeur de biologie moléculaire à l’Université de Bâle
Die Schweiz ist keine Insel
Während die Schweiz – einmal mehr – vor einer Abstimmung steht, bei der es darum geht, ob sie sich vom Rest der Welt abschotten soll, stelle ich mir die Frage, was für mich unser Land ausmacht. Es sind nicht die Trachten, die Dialekte und tiefen Täler, sondern die Berggipfel, der Pragmatismus und die Gastfreundschaft. Oder vielleicht ist es gerade die Verknüpfung dieser sechs Elemente zu einer dynamischen, gesunden Volkswirtschaft und einem der wenigen echten demokratischen Regierungssysteme. Ein kleines Land mit vier Sprachen und mindestens 26 Primar- und Sekundarschulsystemen: Wie ist es da möglich, dass zwei seiner Hochschulen unter den weltweit besten rangieren und eine davon als zweitbeste Europas klassiert ist?
Wie kann es sein, dass die Schweiz 2019 zum innovativsten Land gekürt wurde? Wir haben das zweithöchste BIP pro Kopf in Europa, ein hervorragendes Gesundheitssystem und eine fantastische Lebensqualität. Worauf beruht dieser Erfolg der Schweiz? Ich bin – für einige vielleicht überraschend – der Meinung, es ist ihre Offenheit. Die Schweiz war stets pragmatisch und vorsichtig, aber auch offen. Für ein Land im Herzen Europas – ein Land fast ohne natürliche Ressourcen – gibt es keinen anderen Weg, um zu überleben, geschweige denn um zu gedeihen. Und gerade durch ihre Offenheit hat die Schweiz ihre schweizerischen Eigenheiten gefestigt.
Unser Lebensstil, unsere post-industrielle Welt ist eng mit der Technologie verbunden. Und bahnbrechende technologische Fortschritte setzen wissenschaftliche Kenntnisse voraus. Wissenschaftliche Kenntnisse wiederum sind der sich stetig verändernde, stetig keimende Nährboden, der – trotz Computern – nahezu ausschliesslich auf Neugier und menschlicher Intelligenz beruht. Und wissenschaftliche Kenntnisse sind global. In Sibirien oder Brasilien gibt es keine andere Integralrechnung oder Chemie, unsere grundlegenden mathematischen und wissenschaftlichen Konzepte sind universell. Da sie sich kontinuierlich weiterentwickeln, gibt es nur zwei Optionen: Entweder ein Land ist in puncto Wissen an vorderster Front und hat damit auch die Möglichkeit, gesellschaftliche Probleme wie etwa die Klimaerwärmung oder eine Pandemie anzugehen, oder eben nicht. Lösungen für die Probleme unserer Gesellschaft zu finden ist letztlich die Quelle für wirtschaftlichen Erfolg. Manche bezeichnen das als Innovation. Auf jeden Fall hat diese Innovation uns dorthin gebracht hat, wo wir heute stehen.
Und trotzdem, wie kann sich ein Land mit 0,1 Prozent der Weltbevölkerung erhoffen, weltweiter Innovationsführer zu sein und wirtschaftlichen Erfolg sicherzustellen? Meine Antwort lautet, durch Exzellenz und «Offenheit». Im Folgenden möchte ich erklären, was «Offenheit» für die Wissenschaft bedeutet.
1. Die Wissenschaft ist global. Keine Wissenschaftlerin und kein Wissenschaftler kommt heute ohne den täglichen Informationsfluss und ohne ständigen Dialog mit anderen Wissenschaftlerinnen und Wissenschaftlern rund um die Welt aus. Wissenschaftliche Durchbrüche gelingen nicht in Elfenbeintürmen, sondern gehen aus einem kontinuierlichen Austausch von Ideen, Techniken, Reagenzien und Resultaten hervor. Erst dieser Austausch führt uns zu neuen Entdeckungen, so etwa zur Entdeckung, wie das Coronavirus in die Zellen eindringt, oder zur Entdeckung, wie wir den durch das Virus ausgelösten Zytokinsturm abschwächen oder Pandemien in Zukunft besser erkennen und vermeiden können.
Die Wissenschaft blüht dort, wo ausreichende Finanzierungen vorhanden sind und das Leben genügend Sicherheit bietet, um den Fokus auf das Unbekannte richten zu können. Es braucht aber noch mehr: Die Wissenschaft ist auf einen offenen Austausch angewiesen. Diesen stellt die Schweiz sicher (Basel bereits seit 560 Jahren) und hat es damit zum Erfolg gebracht. Wieso sind weltweit führende Pharmaunternehmen in der Schweiz ansässig? Weil hier die notwendigen Innovationen – die grösstenteils aus dem Ausland stammen – vor vielen Jahren schon erfolgreich umgesetzt wurden. Wird dies auch in Zukunft so bleiben? Nur, wenn wir die Türe offen lassen für den ständigen Austausch von Wissenschaftlerinnen, Wissenschaftlern und Ideen.
2. Zusammenarbeit ist die treibende Kraft für die Wissenschaft. Heute erfahren wir Dinge, sobald sie geschehen, und wir müssen bereits vor einer Publikation genau wissen, wer was macht, um Entwicklungen produktiv mitzuverfolgen. In der Forschung tätige Personen kommen und gehen ständig; die Schweizer Labors leben von all den ausländischen Studierenden und Postdoktorierenden, die für ein paar Jahre in die Schweiz kommen und viel Energie und Tatendrang mit sich bringen. Dann ziehen sie weiter, bleiben aber in Kontakt mit der Schweiz und es entsteht rasch ein globales Netzwerk. In diesem Sinne ist die Schweiz stark in das weltumspannende Netz wissenschaftlicher Entdeckungen eingebunden. Nicht nur das Know-how, das aus anderen Ländern zu uns gelangt, ist ausschlaggebend für unseren Erfolg, sondern auch die Menschen, die wir anziehen.
Ein Freund von mir hat soeben in Nature einen Artikel über ein viral codiertes Enzym veröffentlicht, das bei der Verbreitung von Covid-19 entscheidend ist – ein hervorragender Angriffspunkt zur Blockierung der Krankheit. Er und sein Team starteten erst diesen Frühling mit der Forschung und brachten in nur wenigen Monaten erstaunliche Erkenntnisse zutage. Er schrieb dazu Folgendes: «Das Geheimnis lag im Informationsaustausch und in der Zusammenarbeit mit tollen Wissenschaftlerinnen und Wissenschaftlern. Die grenzüberschreitende europäische Zusammenarbeit und eine Kultur der Offenheit führten zu einigen Entdeckungen, aber – und das ist mindestens ebenso wichtig! – sie förderten auch die Sinnhaftigkeit, die Inspiration und das Gefühl der Zusammengehörigkeit unter unseren Studierenden und Postdoktorierenden. Vor allem hat es ihnen gezeigt, dass der Beruf der Wissenschaftlerin oder des Wissenschaftlers eine unglaublich befriedigende und wichtige Aufgabe ist.»
Wenn Schweizer Labors nicht mehr an führenden europäischen Zusammenarbeitsprojekten teilnehmen und nicht mehr so einfach Studierende und Postdoktorierende aus dem Ausland anwerben können, wird sich die Schweizer Produktivität in Wissenschaft und Technologie verschlechtern und unsere Wirtschaft in Mitleidenschaft gezogen. Es ist ganz simpel: Wissenschaftliche Innovation erfordert ein offenes Klima des Austauschs, das durch staatliche Massnahmen unterstützt wird. Ein wenig gastfreundliches Land zerstört seinen Wettbewerbsvorteil selber.
3. Die Schweiz hat sehr wenig natürliche Ressourcen, weshalb unsere Volkswirtschaft weitgehend von Talenten abhängig ist. Das heisst, von ihren grauen Zellen: von schlauen Köpfen und innovativem Denken. Die Technologie macht rasante Fortschritte; man muss immer zuvorderst mithalten, sonst wird man schnell abgehängt. Heutzutage können grosse Probleme selten von einer Person allein oder mit einer einzelnen Technologie gelöst werden. Über Netzwerke und Verbindungen zu verfügen bedeutet, dass man die Chance hat, gemeinsam mit anderen an wichtigen neuen Entdeckungen mitzuarbeiten. Ohne diese Möglichkeit gerät man schnell in Vergessenheit und der Rest der Welt zieht weiter.
Hier sei erwähnt, dass die Schweiz nicht genügend Nachwuchstalente hervorbringt, um die Nachfrage unserer Labors abzudecken, doch unsere Gesellschaft zählt auf den wissenschaftlichen Erfolg. Deshalb müssen wir offen bleiben für den Austausch, indem wir Studierende, Postdoktorierende und Trainees, aber auch Ingenieurinnen und Ingenieure sowie Professorinnen und Professoren ein- und auswandern lassen. Denn genau da zahlt sich die Schweizer Gastfreundschaft – trotz sehr verbreiteter falscher Vorstellungen – tatsächlich aus, denn Schweizer Universitäten haben schon immer ausländische Staatsangehörige angezogen und aufgenommen. Neuste Zahlen zeigen, dass rund 50 Prozent der Professorenschaft der Universität Zürich nicht schweizerischer Herkunft sind. Einige unserer berühmtesten Köpfe sind im Ausland geboren! Diese Art von Offenheit hat uns – seit Jahrzehnten – die grössten Gewinne für unser Land eingebracht.
4. Wettbewerb lässt Träume und Ziele über das hinauswachsen, was wir ursprünglich für möglich gehalten hätten. In den letzten 30 Jahren hat sich die Schweiz regelmässig das Recht ausgehandelt, an den europäischen Forschungsrahmenprogrammen teilnehmen zu dürfen. Bis 2004 waren unsere Beteiligungsrechte relativ eingeschränkt, aber bei den Rahmenprogrammen 6 und 7 sowie bei Euratom war die Schweiz vollassoziiert, mit allen Rechten und Pflichten, die das mit sich brachte. Anschliessend kam das Horizon-2020-Paket mit der Säule «Wissenschaftliche Exzellenz», mit der die besten und kreativsten Forschenden Europas grosszügige Fünfjahres-Zuschüsse erhielten. Beinahe wäre dieses Programm aufgrund der angenommenen Masseneinwanderungsinitiative und der gescheiterten Unterzeichnung des Kroatien-Protokolls an uns vorbeigegangen. Aber zum Glück für die Schweiz hat es unsere Regierung doch noch geschafft, eine Teilassoziierung auszuhandeln, und Wissenschaftlerinnen und Wissenschaftlern aus vielen Schweizer Hochschulen und Forschungsinstituten ist es gelungen, einen der begehrten Grants des Europäischen Forschungsrats (ERC) zu erhalten. Das Friedrich Miescher Institute in Basel weist unter allen Forschungsinstituten Europas die höchste Erfolgsrate bei diesen namhaften Grants aus. Und nun laufen wir angesichts der bevorstehenden Abstimmung über die Einwanderung einmal mehr Gefahr, von der kompetitivsten und lukrativsten Förderung abgeschnitten zu werden, die für kreative Wissenschaftlerinnen und Wissenschaftler in Europa verfügbar ist.
Spielt das eine Rolle? Und wenn die Schweiz ihren eigenen Wissenschaftlerinnen und Wissenschaftlern einfach das Geld geben würde, das vorgesehen ist, um uns in das neue Programm Horizon Europe «einzukaufen»? Wäre das nicht besser?
Ganz und gar nicht: Dann wären wir wie ein wohlhabendes Fussballteam einer Kleinstadt, das seine Spieler zwar gut bezahlt, aber nicht die besten Coaches anzuziehen vermag und nie in der höchsten Liga mitspielen wird. Wie spielen solche Mannschaften? Mittelmässig. Allein der Wettbewerb und die ganzen Bemühungen, die es braucht, um sich für einen ERC Grant zu bewerben, erhöhen die Qualität der Schweizer Forschung und locken die besten jungen Nachwuchstalente in die Schweiz. Hier zeigt sich die menschliche Natur: Kann man sich mit 450 Millionen Menschen statt 8 Millionen Menschen messen, erhöht sich automatisch der Einsatz, man steckt die Ziele höher und kommt weiter. Das ist der «Berggipfel-Faktor» der Schweiz: Wir wollen höher hinaus, eine bessere Aussicht haben, schneller aufsteigen und wenn wir es können, sollten wir das auch tun. Aber nur über die Teilnahme am europaweiten Wettbewerb können wir hoffen, dieses Niveau in der Wissenschaft zu erreichen. Das Evaluationsverfahren ist härter, die Anforderungen sind höher und man muss sich mehr anstrengen. Im Gegenzug werden Schweizer Wissenschaftlerinnen und Wissenschaftler durch die Teilnahme in den Evaluationsausschüssen besser anerkannt, mehr geschätzt und können sich stärker mit ihren Kolleginnen und Kollegen vernetzen. Ohne die europäische Wissenschaft ist die Schweizer Wissenschaft nur ein Schatten dessen, was sie sein möchte.
Die Frage, ob die Schweiz in der Lage sein wird, eine Vollassoziierung an das Programm Horizon Europe auszuhandeln, hängt nun also in der Luft, da die Schweizer Bevölkerung im September wieder einmal an die Urne geht, um über eine «massvolle Zuwanderung» abzustimmen. Was bedeutet das? Die Zuwanderung zu «mässigen» bedeutet in diesem Fall, weiter zu gehen als für unsere europäischen Nachbarländer akzeptabel ist. Ich verstehe den Wunsch der Schweiz, selber zu entscheiden, aber der Verlust der internationalen Vernetzung, die Gefährdung unserer aktuellen Spitzenposition in Wissenschaft und Technologie und der daraus resultierende Isolationismus sind ein viel zu hoher Preis dafür.
Verlieren wir unsere «Schweizer Identität», wenn wir weiterhin eine offene Politik gegenüber Ausländerinnen und Ausländern verfolgen? Nein, nicht im Geringsten. Seit der Geburt der modernen Schweiz haben sich vier Sprach- und Kulturgemeinschaften frei für gemeinsame Regeln entschieden, ohne ihre Identitäten zu verlieren. Unsere Zustimmung zur Offenheit zwischen den 26 Kantonen hat unsere Unterschiede auf positive Weise gestärkt.
Kurz: Die Schweiz ist keine Insel und sollte nie wie eine denken. Nur über die vollständige Vernetzung mit unseren europäischen Nachbarinnen und Nachbarn und der ganzen Welt können wir das Niveau aufrechterhalten, das wir so stolz als «schweizerisch» bezeichnen. Denken wir an Berggipfel, Pragmatismus und Gastfreundschaft und behalten wir im Kopf, wie eng unser modernes Leben in das europäische Geflecht eingebunden ist. Nur so wird es uns gelingen, den Lebensstandard weiterzuführen, den wir so eifrig schützen wollen.
Susan M. Gasser ist Mitglied des SWR, emeritierte Direktorin und Gruppenleiterin des Friedrich Miescher Institute und Professorin für Molekularbiologie an der Universität Basel