Les principaux défis du paysage FRI d’ici 2035
Luciana Vaccaro décrit les trois principaux défis selon son point de vue – dans une contribution au 60e anniversaire du CSS.
La culture et les valeurs académiques
Comme notre monde actuel, les hautes écoles font face à des défis croissants, complexes et interconnectés. Le premier défi que je mentionnerais concerne la défense de la culture et des valeurs académiques, qui sont les socles sur lesquels repose l’accomplissement des missions des hautes écoles. L’autonomie institutionnelle et la liberté académique sont les garantes d’un savoir fiable et objectif, précondition essentielle à la vitalité d’une société démocratique. Une enquête de l’Université de Zurich menée dans 68 pays montre que la majorité des répondants perçoit la science comme qualifiée et honnête. Pourtant, certains courants sociétaux et politiques se structurent autour de la contestation systématique de la connaissance et du savoir. Cette tendance remet en cause le rôle des hautes écoles comme actrices essentielles de la prise de décision basée sur des faits scientifiques. Elle favorise également l’interventionnisme dans l’orientation de nos activités académiques et dans la gestion d’institutions d’enseignement et de recherche. Il est à ce titre crucial que la liberté institutionnelle et académique soient garanties par la stabilité du cadre institutionnel et politique.
L’ouverture internationale
Le deuxième enjeu concerne l’ouverture internationale de nos hautes écoles. Plus précisément, il s’agira de trouver l’équilibre selon la formule consacrée: «aussi ouvert que possible, aussi prudent que nécessaire». En termes d’ouverture, les hautes écoles sont dépendantes de relations stabilisées et pérennisées avec l’UE, afin de pouvoir participer pleinement aux programmes Horizon Europe et Erasmus+. Les prochaines échéances parlementaires et politiques en Suisse sont à ce titre cruciales, car elles conditionneront non seulement à notre éligibilité aux financements européens, mais surtout elles définiront notre accès aux réseaux scientifiques européens. Parallèlement, face au développement des technologies à double usage et aux bouleversements géopolitiques, il devient de plus en plus évident que les collaborations internationales seront soumises à un devoir de diligence, aussi essentiel qu’il se révélera complexe à mettre en œuvre.
La haute qualité
Enfin, selon moi, le dernier gros défi consistera à faire en sorte que les hautes écoles maintiennent le haut niveau de qualité dans la réalisation des missions de formation et de recherche. Les hautes écoles doivent en effet contribuer à affronter les enjeux majeurs que sont le changement démographique, la pénurie de main d’œuvre qualifiée, les crises sanitaires et climatiques ou le développement technologique. Face à ces enjeux, la capacité d’innovation de la Suisse ainsi que l’excellence de la recherche et de l’enseignement des hautes écoles suisses doivent permettre de trouver des solutions innovantes, au bénéfice de notre économie et de notre société.
C’est en relevant ces défis et en y répondant avec détermination que la Suisse pourra préserver sa souveraineté, son dynamisme et sa prospérité.
