Les principaux défis du paysage FRI d’ici 2035
André Kudelski décrit les trois principaux défis selon son point de vue – dans une contribution au 60e anniversaire du CSS.
Un esprit pionnier
Nous vivons désormais dans un monde de moins en moins linéaire, qui évolue rapidement et souvent de façon chaotique. Traditionnellement, la Suisse s’est distinguée en adoptant une approche de «smart follower», ce qui lui a très bien réussi jusqu’à présent. Toutefois une telle approche a ses limites dans de nombreux nouveaux secteurs technologiques, en particulier digitaux, où désormais «the winner takes it all», ce qui laisse peu de place pour les suiveurs. Dans un tel contexte il est plus important que jamais d’être visionnaire et pionnier. Oser et être prêt à prendre des risques pour gagner les marchés du futur est devenu souvent nécessaire pour devenir leader, à l’instar de ce qu’avaient fait les générations précédentes avec notamment la construction du tunnel du Gothard.
Gérer l’accélération de l’innovation en prenant des risques
La transformation numérique propulse les cycles d’innovation à une vitesse exponentielle. Ce phénomène représente un défi majeur pour les entreprises et les institutions de recherche. Bien que la Suisse dispose d’une infrastructure de qualité et d’un écosystème favorable à l’innovation, de nombreuses entreprises, en particulier les PME, peinent encore à s’adapter à cette accélération. Il faut être prêt à faire des sauts technologiques et commerciaux, ce qui nécessite la capacité de prendre des risques, à l’image de celui d’enjamber le vide pour se retrouver de l’autre côté d’un ravin. À l’aide de l’intelligence artificielle, par exemple, l’innovation accélérée doit permettre à nos entreprises non seulement de rester compétitives à l’échelle internationale, mais de se positionner en tête de leur secteur. La recherche et le développement devront exploiter les technologies actuelles et émergentes au cours des dix prochaines années, tout en prenant les risques nécessaires et inhérents à l’innovation.
Renforcer les collaborations internationales dans un monde plus fragmenté
Avec le développement de nouvelles puissances technologiques, la Suisse se trouve à un carrefour stratégique. La compétition internationale en matière d’innovation va certainement s’intensifier. Les États-Unis, la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est, pour ne citer que ceux-ci, investissent massivement dans la recherche et le développement. La Suisse s’est positionnée comme leader dans le domaine de l’innovation au cours de la dernière décennie. Pour rester une terre d’innovation, toutes les parties prenantes de l’innovation en Suisse devront redoubler d’efforts. Il faudra non seulement continuer à investir dans la recherche et le développement, mais aussi renforcer les partenariats internationaux de manière stratégique et ciblée, là où c’est possible. Ces collaborations devront permettre de se diversifier dans différents secteurs économiques tout en cultivant les atouts du pays. Elles devront, par ailleurs, s’appuyer sur une bonne protection de la propriété intellectuelle, qui permettra à la fois de favoriser l’échange d’expertise et les collaborations, tout en sauvegardant les intérêts légitimes de notre pays.
En conclusion, la Suisse, reconnue pour son excellence en matière de recherche et d’innovation, se trouve à un tournant décisif pour les dix prochaines années. Les défis sont importants mais ils offrent aussi de belles opportunités qu’il convient de saisir. En étant prêt à relever de nouveaux défis, de prendre des risques calculés et à collaborer, la Suisse pourra affirmer son dynamisme en matière d’innovation tout en renforçant la compétitivité de ses entreprises à l’international pour les années à venir.
