Les principaux défis du paysage FRI d’ici 2035
Yves Flückiger décrit les trois principaux défis selon son point de vue – dans une contribution au 60e anniversaire du CSS.
Renforcement de la compétitivité face aux technologies émergentes
Les progrès en intelligence artificielle, biotechnologies et physique quantique, combinés aux transformations numériques et à l’explosion des données, imposent des investissements stratégiques dans les infrastructures, la recherche et la formation pour maintenir la Suisse à la pointe de l’innovation mondiale. La gestion éthique et sécurisée de volumes croissants de données est essentielle, tout comme leur accessibilité et leur utilisation responsable. Pour relever ce défi, la Suisse doit non seulement développer des infrastructures de pointe mais aussi attirer et retenir des talents de haut niveau. Cela nécessite une coordination étroite entre institutions scientifiques, gouvernement et industrie, favorisant ainsi un écosystème d’innovation dynamique. Par ailleurs, des liens solides avec l’Europe et une intégration active dans les réseaux de recherche internationaux sont indispensables pour préserver l’excellence scientifique suisse.
Renforcement de la confiance du public envers la science comme pilier de la démocratie
La prolifération des fausses informations, amplifiée par les réseaux sociaux, menace la crédibilité des scientifiques et des institutions de recherche, avec des conséquences directes sur les politiques publiques. Pour rétablir la confiance du public envers la science, il est essentiel de promouvoir une communication scientifique accessible et transparente. Cela implique d’expliquer les méthodes employées, les résultats obtenus et les incertitudes inhérentes, dans un langage compréhensible pour tous. Par ailleurs, l’éducation scientifique dès le plus jeune âge doit être renforcée pour développer l’esprit critique et une compréhension des bases de la méthode scientifique. Des espaces de dialogue entre scientifiques, décideurs et citoyens sont nécessaires pour encourager une participation démocratique dans les choix technologiques et scientifiques. Enfin, le développement de la science ouverte, en rendant les données, publications et processus accessibles à tous, est crucial. Cette démarche renforce le rôle de la science comme fondement de décisions éclairées dans une société démocratique.
Transition vers une science durable
Face à l’urgence climatique et aux pressions croissantes sur les ressources naturelles, la recherche suisse doit devenir plus durable, tant dans ses objectifs que dans ses pratiques. Cela repose sur trois axes principaux. Premièrement, la réorientation des objectifs de recherche vers des solutions innovantes, comme la capture et le stockage du carbone, l’optimisation des réseaux énergétiques intelligents et l’étude de systèmes agricoles résilients. Deuxièmement, la transformation des pratiques académiques, avec des équipements énergétiquement efficaces, le recyclage des matériaux consommables et des protocoles pour limiter les gaspillages, afin de réduire l’empreinte carbone des activités scientifiques. Enfin, l’établissement de nouveaux modèles de collaboration, incluant des partenariats renforcés entre institutions académiques, entreprises et organismes publics, ainsi que la science participative, qui sensibilise le public tout en enrichissant la recherche.
