De quelles compétences faudra-t-il disposer pour commencer des études?
Toutes les filières d’études universitaires nécessitent des compétences numériques. Mais de quelles compétences les étudiants et étudiantes débutants doivent-ils disposer pour pouvoir entamer avec succès tout programme d’études? Cette question était au cœur du douzième volet de «Science after Noon» (9 juin 2022), organisé conjointement par les Académies suisses des sciences et le Conseil suisse de la science (CSS). Marcel Burger (Université de Lausanne), Francesco Mondada (EPFL) et Franz Eberle (CSS/Université de Zurich) composaient le panel, présidé par Sara Irina Fabrikant (CSS/Université de Zurich).
Science after Noon: Gymnasiale Bildung in der digitalen Gesellschaft (DE/FR) – YouTube
La maturité gymnasiale ouvre aux jeunes les portes de (presque) toutes les filières d’études universitaires.1 Cette aptitude générale comprend des compétences transversales, des compétences spécifiques requises dans de nombreuses disciplines (première langues, mathématique, informatique…) et des compétences spécifiques requises dans certaines disciplines d’études.
Les compétences transversales, explique Franz Eberle, professeur émérite de pédagogie gymnasiale et économique, comprennent par exemple la capacité à analyser et à synthétiser, à tenir un discours, à faire preuve d’un esprit critique, à être créatif. Elles comprennent aussi des compétences pratiques comme la gestion du temps, la maîtrise de l’anglais, ou les méthodes d’apprentissage.
Au cours des dernières décennies, ces compétences transversales sont devenues de plus en plus importantes. A l’égal de la connaissance pratique de l’anglais, les compétences numériques sont incontournables dans le monde d’aujourd’hui et applicables à grande échelle, comme le souligne Francesco Mondada, professeur de robotique: «Disciplinary competences make you an engineer. Transveral competences get you the job.»
La transversalité des compétences numériques devient particulièrement pertinente au regard du rôle central que jouent les médias numériques. Aujourd’hui, les gymnasiens doivent maîtriser une multitude de modes de communication qui intègrent le textuel, le visuel ainsi que des contenus dynamiques.
Selon les panélistes, participer aux débats par les canaux numériques a révélé l’urgence d’acquérir les compétences critiques et numériques nécessaires à cet effet. Parallèlement, la connaissance technique du matériel et des logiciels que nous utilisons au quotidien est tout aussi importante. Au gymnase, les étudiants apprennent à disséquer un cœur de bœuf, non pas dans l’idée qu’ils deviendront tous chirurgiens, mais simplement pour comprendre comment fonctionne cet organe vital. Pourquoi ne pas appliquer le même principe à l’ordinateur ou à la puce électronique, tout aussi vitaux pour le fonctionnement du corps politique?
Malgré le côté novateur de ce sujet, le professeur de linguistique Marcel Burger relève l’importance de se rappeler que nous sommes plus compétents numériquement que nous le pensons. Décider quelles compétences numériques doivent être enseignées aux gymnasiens est un débat sociétal. Notre réflexion doit aborder plus largement quelles compétences nous voulons déléguer aux machines, comme la lecture de cartes, et quelles compétences nous voulons conserver, comme le raisonnement moral.
1En effet, la maturité gymnasiale a un double objectif: Elle prépare les jeunes aux études et à des tâches exigeantes dans différents domaines de la société.
Panel
Marcel Burger, professeur de linguistique et directeur du Centre de linguistique et des sciences du langage (CLSL), Université de Lausanne
Franz Eberle, professeur émérite de pédagogie gymnasiale et économique, Université de Zurich, et membre du CSS
Francesco Mondada, professeur de robotique et directeur académique du Centre des sciences de l’apprentissage, EPFL, membre de la Commission MINT des Académies suisses des sciences
Modération
Sara Irina Fabrikant, professeure de géographie, Université de Zurich, et membre du CSS
Rapport du CSS